Mesures de l'hypnose et de l'hypnotisabilité

L’une des clés du développement des recherches sur l’hypnose au cours du 20ème siècle a été la mise au point d’échelles pour des mesures fiables de la susceptibilité à l’hypnose. la susceptibilité à l’hypnose est habituellement classée en ‘haut’, moyen et bas. Environ 80% de la population est dans la classe moyenne, 10% est hautement susceptible et 10% faiblement susceptibles. La possibilité d’avoir une mesure fiable a permis aux chercheurs d’étudier l’hypnose et ses corrélats en laboratoire.

Les échelles de susceptibilité à l’hypnose

Les échelles de susceptibilité à l’hypnose commencent généralement par un petit entretien pour apaiser les peurs ou les à priori que les participants pourraient avoir, puis procède à l’induction qui permet alors aux participants d’entrer en hypnose. Les échelles consistent ensuite en un certain nombre de suggestions tests auxquelles le participant peut réussir ou échouer. Les suggestions sont aussi bien motrices (idéomotrices) ou cognitives, et de plus peuvent produire ou inhiber un effet. Vous pouvez trouver des exemples de ces échelles sur la page matériel de recherche.

L’effet classique de suggestion (Weitzenhoffer, 1980) postule que pour qu’une suggestion soit réellement ressentie, cela doit être involontaire c'est-à-dire que ça arrive tout seul. Par exemple, un item peut être que votre bras devient de plus en plus léger et commence à s’élever dans l’air. Si vous ressentez votre bras flottant sans effort et qu’il s’élève effectivement ; on dit alors que l’item est réussi. L’involontarité subjective avec laquelle une suggestion est vécue est mesurée par un certain nombre d’échelles.

Il y a actuellement un débat sur ce que mesurent réellement ces échelles. Kirsh et Graffman (2001) ont montré que les échelles traditionnelles mesurent la réponse aux suggestions sous hypnose. Cependant, ces échelles ne tiennent pas compte du fait que les gens répondent aussi aux suggestions sans induction hypnotique. Kirsh a donc proposé que la réponse aux suggestions en dehors de l’hypnose soit appelée ‘suggestibilité imaginative’, que cette réponse suite à une induction hypnotique soit la ‘suggestibilité hypnotique’ et que la différence entre les deux représente l’hypnotisabilité. Cette terminologie fait sens bien que certains aient fait remarquer que l’on pouvait ainsi obtenir une hypnotisabilité négative quand une personne répond à moins de suggestions sous hypnose que hors de l’hypnose. Actuellement cette distinction entre suggestibilité imaginative et hypnotique n’est pas reconnue par tous (voir par exemple Barnier et Nash, 2008).

Les suggestions

Les échelles de susceptibilité contiennent un nombre de suggestions auxquelles les participants échouent ou réussi. Les suggestions sont motrices ou cognitives et positives ou négatives. Une suggestion motrice positive serait d’essayer de produire un effet moteur, e.g. une suggestion que le bras du participant se lève tout seul. Une suggestion motrice négative serait l’inhibition d’un mouvement, e.g. une suggestion que le participant ne pourra pas ouvrir les yeux. Les suggestions cognitives ont pour but de produire ou d’inhiber des perceptions ou des sensations. Un exemple d’une suggestion cognitive positive serait l’hallucination visuelle de son meilleur ami. Une suggestion cognitive négative serait la surdité.

Les échelles

Le gold standard des échelles de susceptibilité à l’hypnose est l’échelle de susceptibilité à l’hypnose de Stanford (Stanford Hypnotic Susceptibility Scale). Cette échelle est administrée individuellement et consiste en une induction hypnotique suivie de 12 suggestions. Dans un contexte de recherche expérimentale, une échelle de groupe est souvent utilisée pour tester un grand nombre de sujets à la fois, et est suivie d’une échelle individuelle.

Beaucoup d’échelles ont été développées, avec des propriétés différentes. Les plus communes sont listées et certaines peuvent être téléchargées à la page du matériel de recherche.

Les propriétés de la susceptibilité à l’hypnose

On suppose que la susceptibilité à l’hypnose est un trait stable dans le temps. De haut niveaux de fiabilité test-retest ont été observés sur des périodes de 10 (Hilgard, 1965) et 25 ans (Piccione, 1989). Une étude sur l’hypnotisabilité des jumeaux monozygotes (MZ) et dizygotyes (DZ) ont montré une corrélation de 0.52-0.63 pour les MZ mais seulement de 0.08-0 .18 pour DZ, indiquant la présence d’une composante génétique (Morgan, 1973). Des résultats préliminaires ont suggéré que la présence ou l’absence de deux sous type de gène COMT pouvait prédire la susceptibilité à l’hypnose, bien que ces résultats ne concernent que les hommes et n’ont pas été répliqués (Lichtenberg, 2000). Il a aussi mis en évidence une augmentation du volume de rostrum, une région du corps calleux, chez les sujets hautement hypnotisables (Hornton, 2004). Certains chercheurs sont contre l’idée que l’hypnotisabilité soit un trait, et tendent à démontrer que la réponse à l’hypnose puisse être modifiée. Il y a un désaccord sur l’amplitude de la modification d’hypnotisabilité que l’on pourrait observer (e.g. Benham 1998, Spanos, 1986). Pour plus de détails sur la possibilité d’augmenter son hypnotisabilité, rendez vous sur les pages modifications de la susceptibilité (ainsi que Gorassini, 2004).

Qu’est ce qui prédit la susceptibilité à l’hypnose?

Depuis le développement des échelles de susceptibilité à l’hypnose les chercheurs ont cherché d’autres caractéristiques de personnalité qui pourraient prédire comment un sujet réagirait à l’hypnose. Un fort corrélat permettrait de prédire l’hypnotisabilité sans réaliser une échelle longue et permettrait aussi de connaître la nature de l’hypnose. Dans une étude de corrélation , les sujets remplissent un certains nombre de questionnaires de personnalité et passent aussi une échelle de susceptibilité. La table ci-dessous illustre une variété de mesures qui ont été utilisées dans ces études de corrélations.

Measures which may correlate with hypnotic susceptibility

Measures which do not correlate with hypnotic susceptibility

Absorption (Tellegen & Atkinson, 1974; de Groh, 1989)

Fantasty proneness (Lynn & Rhue, 1988)

Reaction time (Braffman & Kirsch, 2001)

Empathy (Wickramasekera II & Szlyk, 2003)

Self-directedness (one component of the Temperament and Character Inventory, Cloninger et al, 1993) (Laidlaw et al, 2005)

Five factor model of personality (Extroversion-Introversion, Neuroticism, Agreeableness, Conscientiousness, Openness) (Green, 2006)

Dissociation (Measure: DES) (Kirsch & Council, 1992; Faith & Ray, 1994)

Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI) (Deckert & West, 1963)

Un facteur qu’il faut garder à l’esprit lorsqu’on lit ces études est que la susceptibilité à l’hypnose est réalisée dans la même session que les autres questionnaires. Cette méthodologie augmente artificiellement les relations entre les différentes mesures et démontre ainsi ce qu’on apelle l’effet de contexte (Council, 1993. Council 1996). Pour contourner ce problème, les deux mesures doivent être acquises séparément sans que les participants sachent la vraie nature de l’étude. Les corrélations obtenues lorsque cet effet a été controlé sont plus faibles voire non significatives.

Pour plus de détails sur ce sujet, les corrélations de la suggestibilité imaginable et de l’hypnotisabilité ont été revues par Kirsh et Braffman (2001), Barnbier et McConkey (2004) et de Groh (1989).

 

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© 2007-2019 Dr Matthew Whalley