Attention et conflit

Les récentes recherches les plus intéressantes ont investigués les effets de l’hypnose et de la suggestion sur le contrôle attentionnel. Les compétences attentionnelles sont intimement liées à l’hypnose, et un certain nombre de modèles ont proposés que des différences dans le contrôle exécutif attentionnel était expliqué par les différences de susceptibilités hypnotiques. Le modèle neurophysiologique de Gruzelier (1998) propose que l’attention sélective doit être engagée pour qu’un sujet se focalise lors des premières étapes de l’induction hypnotique, et que cette attention sélective est plus efficace chez les sujets hautement hypnotisables. De plus, certa9ines vision traditionnelles de l’hypnose soutiennent que l’ « état » hypnotique est caractérisé par une attention extrêmement focalisée. D’autres modèles ont proposé que les sujets hautement hypnotisables focalisent leur attention lorsqu’ils ne sont pas hypnotisés (Kallio et al, 2001), mais que leur contrôle attentionnel est compromis après une induction hypnotique. Ces théories, et les expériences qui les ont testées, sont discutées dans une autre section.

Études instrumentales

Un certain nombre d’études instrumentales ont examiné les processus attentionnels chez des individus hypnotisés ou non. Les processus cognitifs peuvent être classés en « contrôlés » et « automatiques » (Schiffrin & Schneider, 1977). On pense que certains sont automatique de façon innée, d’autres devenant automatiques après un long apprentissage (Spelke, Hirst & Neisser, 1976). Une fois automatisés, ces processus sont initiés inconsciemment et ne peuvent pas être évités ou arrêtés (Raz, 2006). Les études utilisant des suggestions hypnotiques (et non-hypnotiques) pour modifier ces processus sont importants : premièrement car ils démontrent un effet authentique qu’il est impossible de simuler délibérément et donc différent de la demande caractéristique, et deuxièmement car ils illustrent comment la suggestion peut être utilisée pour altérée les processus cognitifs.

L’effet Stroop

Un exemple de traitement automatique qui est largement utilisé en psychologie est la tâche de Stroop (Stroop, 1935). Dans cette tâche, le nom des couleurs est présenté aux sujets dans différentes couleurs d’encre. Les participants doivent nommer la couleur de l’encre du mot écrit quelque soit le sens du mot écrit. Pour effectuer la tâche, les sujets doivent sélectionner l’information pertinente (la couleur de l’encre) et réprimer l’information non pertinente (le sens du mot).

Congruent - ROUGE BLEU VERT JAUNE

Non congruent - ROUGE BLEU VERT JAUNE

Neutre - FLEUR VÉLO CHAT TASSE

Cette tâche met en évidence l’automaticité de la lecture. Malgré l’instruction explicite de ne faire attention qu’à la couleur de l’encre, un lecteur compétent ne peut pas s’empêcher de lire le mot. Les sujets sont donc plus lents et font de nombreuses erreurs lorsque la couleur de l’encre et le sens du mot ne sont pas compatibles comparativement à la condition ou le sens du mot et la couleur de l’encre sont congruents.
L’effet Stroop est défini comme la différence dans les temps de réactions entre les stimuli congruents et non congruents.

Deux explications sont avancées pour rendre compte de l’effet Stroop. L’une, l’hypothèse sur la vitesse de traitement, suggère que la lecture du mot est plus rapide que la nomination de la couleur de l’encre. La seconde suggère quant à elle que la lecture du mot interfère avec la nomination du mot qui demande plus d’effort et d’attention.

La suggestion et la suggestion post-hypnotique réduisent l’effet Stroop

Une série d’études réalisées par Raz et ses collaborateurs ont exploré les effets de suggestions hypnotiques ou non sur l’effet Stroop pour voir comment elle modulaient les réseaux attentionnels. Dans leur première étude (Raz et al., 2002) ils ont testé des sujets hautement et peu hypnotisables dans la tâche de Stroop en utilisant comme suggestion post-hypnotique que les sujets auraient du mal à lire les mots :
Bientôt vous allez jouer à un jeu vidéo. Quand je frapperai dans mes mains, des symboles sans aucun sens apparaitront au milieu de l’écran. Ils seront comme s’ils étaient écrits dans une langue étrangères que vous ne connaissez pas, et vous n’essayerez pas de leur donner un sens. Ce charabia sera afficher dans l’une de ces quatre couleurs : rouge, bleu, vert ou jaune. Bien que vous serez capable de faire attention à la couleur de l’encre du mot, vous regarderez bien ces signes et vous le verrez tous. Votre rôle est d’appuyer le plus rapidement possible et sans faire d’erreur sur le bouton correspondant à la couleur de l’encre du mot. Vous trouverez ce jeu facile et vous le ferez sans effort particulier.

Raz 2002 data

La suggestion post-hypnotique a très peu d’effet sur les sujets qui sont peu hypnotisables. Cependant, sur les sujets hautement hypnotisables, il y a un effet marqué de la suggestion, et particulièrement dans la condition non congruente. Les auteurs concluent donc que la suggestion post-hypnotique opère via un mécanisme top-down qui modifie le traitement du mot présenté – et que cette modulation n’est pas accessible par la volonté.

Les mêmes auteurs ont ensuite réalisé la même expérience mais cette fois ci en utilisant
IRMf et EEG (Raz et al, 2005). L’effet Stroop était aboli dans la session EEG et fortement diminué dans le scanner.
Raz 2005 data

Raz 2005 data 2

La tâche des ailiers

En partie similaire à la tâche de Stroop, la flanker task (Eriksen & Eriksen, 1974) produit elle aussi un conflit entre les réponses possibles. Une cible centrale est présentée en même temps que deux distracteurs (flankers), qui sont les mêmes ou différents de la cible. Voici quelques exemples :
F T F : essai non congruent – cible (T) entourée de flankers différents (F)
T T T
T F T : essai non congruent – cible (F) entourée de flankers différents (T)
F F F
La tâche des participants est d’identifier le plus rapidement possible la cible et d’appuyer sur la lettre correspondante. Les sujets doivent donc sélectionner l’information pertinente et inhiber les informations qui entourent la cible pour répondre correctement. En comparant les temps de réponse pour chaque condition, il est possible de mesurer l’effet des distracteurs. Les temps de réponses sont plus rapides pour les conditions ou les disctracteurs et la cibles sont congruents comparés aux conditions ou les deux ne le sont pas.

La suggestion post-hypnotique réduit l’effet de compatibilité des flankers.

Comme Raz avec l’effet Stroop, Iani et al. (2006) ont investigué l’effet d’une suggestion post-hypnotique dans cette expérience. Dans la première expérience, 8 sujets hautement hypnotisables et 8 sujets peu hypnotisables ont réalisé la tâche en état vigil et après une suggestion post-hypnotique qui était :
Bientôt vous allez vous trouvez devant un écran d’ordinateur, prêts à jouer à un jeu vidéo. Des lettres apparaitront au milieu de l’écran. Votre regard sera capturer, comme un aimant, par la lettre centrale. Votre attention sera complètement absorber par la lettre centrale, qui apparaitra très brillante. Toutes les autres lettres apparaitront floues, moins lumineuses, et loin de la lettre centrale. Ces lettres sont sans importance. Vous ne serez capable que de faire attention à la lettre centrale et de répondre à celle-ci. Votre rôle est d’ appuyer rapidement et sans faire d’erreur sur le bouton qui correspond à la lettre centrale.

Dans une seconde expérience, séparée, 8 sujets hautement hypnotisables ont réalisé cette même tâche avec cette fois ci une autre suggestion :
Bientôt vous allez vous trouvez devant un écran d’ordinateur, prêts à jouer à un jeu vidéo. Des lettres apparaitront au milieu de l’écran. Votre rôle est d’ appuyer rapidement et sans faire d’erreur sur le bouton qui correspond à la lettre centrale en ignorant les lettres des côtés. Il est très important que vous essayer d’ignorer ces lettres car elles ne sont pas importantes et peuvent facilement vous induire en erreur. Votre attention devra être absorbée par la lettre centrale. Pour vous aider à cela, essayez d’imaginer cette lettre très brillante et plus grande que les autres qui apparaitront floues, moins lumineuses, et plus loin de la lettre centrale qu’elles ne sont.

Iani 2006 data

Dans l’expérience 1, les réponses étaient généralement plus lente. Cependant, alors que les sujets peu hypnotisables étaient moins bons dans la condition non congruente qu’il y ait eu une suggestion ou pas, les sujets hautement hypnotisables ne différaient que dans la condition normale. En d’autres mots, la suggestion post-hypnotique entrainait une réduction de l’effet des flanker chez les sujets hautement hypnotisables.

Dans l’expérience 2, ou seuls des sujets hautement hypnotisables ont été testés, les temps de réaction étaient significativement augmentés dans la condition non congruente. Les auteurs ont donc concluent que la suggestion seule ne suffisait pas. Cependant, quelques écueuils persistent. Dans l’expérience 1, 3 sujets ont été éliminé de l’analyse car ils ne conformaient pas à la suggestion post-hypnotique, et rien n’est dit sur la conformité dans l’expérience 2.
De plus, dans l’expérience de Raz, la suggestion non hypnotique elle aussi diminue l’effet Stroop en partie. Il semble donc que ce ne soit pas l’hypnose seule, mais plutôt la suggestion, qui modifie les performances dans ces tâches de conflit.

 

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© 2007-2019 Dr Matthew Whalley